Le film : Une séparation du cinéaste iranien Asghar Farhadi.
« Séparation », celle d'un couple. La femme est décidée dans son désir de quitter le pays, mais attentive aux siens et prête à retenter, avec son mari, l'expérience de l'amour. Le mari est un homme plutôt sympathique, courageux, responsable, peu religieux, mais plombé par la dévotion qu'il porte à son père dont il doit s'occuper, ce qui l'empêche de même envisager de partir avec sa femme. Là est le noeud du film : la monstration subtile et efficace des conséquences qui résultent de cette réduction d'un homme à son être de filiation, à savoir sa surdité à la radicalité féminine. Une autre femme, employée comme garde-malade du père, fait une fausse couche et accuse à tort son employeur, le mari donc. Cette femme pourrait relever d'une même réduction, à cela près que sa foi en Dieu, au nom de laquelle elle refuse de se parjurer sur le Coran, est pour elle ce qui lui donne la force de s'opposer à son propre mari, de telle sorte qu'on pourrait presque penser que sa foi est son être de symptôme. À des titres divers, tous les personnages sont soudés à leur vérité subjective, viatique pour ne rien vouloir savoir de l'autre et justifier le pire, sauf la fille du couple, qui accède à l'âge adulte en mentant délibérément au juge pour éviter à son père la prison. Sa vérité n'est plus pour elle la seule.
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