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18/02/2022
Santé mentale France Occitanie

Fugues de patients hospitalisés en psychiatrie

Communiqué de SANTE MENTALE FRANCE OCCITANIE

Depuis quelques jours, une tempête médiatique s’est abattue sur le Centre Hospitalier Gérard Marchant, établissement psychiatrique public de Toulouse.
Cet hôpital accueille une forte proportion de patients présentant des pathologies mentales lourdes et résistantes. Ils sont souvent soignés sans leur consentement, à la demande d’un tiers ou d’un représentant de l’Etat. Ils ont fréquemment été refusés par les établissements privés de la ville et du département. Trop lourds, trop pauvres, trop dangereux.


Pour autant l’hôpital Marchant reste avant tout un lieu de soin. Son équipe n’oublie jamais que le temps d’hospitalisation vient s’insérer dans un parcours de vie plus global, fait de tissu familial, de projets professionnels, et de quotidienneté partagée.


A sa sortie de l’hôpital, le patient est suivi par les services ambulatoires de l’établissement : centres de consultations (CMP), d’accueil de jour en CATTP ou hôpitaux de jour. Des séjours programmés en alternance entre dehors et dedans peuvent être organisés pour permettre une reprise progressive avec la garantie de la permanence d’un soin possible au long de sa vie. Les équipes de l’hôpital pensent le soin dedans et dehors, accompagnent les patients au plus près de leur besoin.


La médiatisation récente de fugues de patients a mis à mal tout ce système de soin. Elle veut imposer aux professionnels une transformation totale de leurs pratiques en les réduisant à des seules pratiques d’enfermement au mépris de toute référence humaniste.
La lente et longue lutte contre la stigmatisation des patients s’est trouvée réduite à néant par des « unes » d’indignations et de dénonciations tapageuses témoignant, chez leurs auteurs, une ignorance totale des réalités de la souffrance psychique et de son soin. Ils réinstallent la confusion délétère entre prison et hôpital.
Il faut le rappeler sans cesse : les malades mentaux dangereux, coupables d’actes criminels sont extrêmement rares. On continue pourtant à chaque fois à les dénoncer comme une entité globale et à montrer du doigt les équipes de soin et les établissements.


La « folie », on le sait, a toujours constitué pour l’homme une source inépuisable de fantasmes. Lorsqu’un quotidien fait sa une avec « le cannibale des Pyrénées », il oublie et veut faire oublier qu’il y a un homme derrière cette vindicte.
Les vrais monstres ne sont pas fous. Ils ont, bien au contraire, besoin de la conscience du mal qu’ils font pour encore mieux s’en délecter. La loi reconnait l’abolition possible de jugement d’un psychotique au moment des faits dont il se rend coupable. Elle ne les excuse pas pour autant : elle prend seulement cette dimension en compte pour adapter le jugement et la peine.
Le battage médiatique qui a orchestré les fugues répétées d’établissements de Toulouse n’a fait que renforcer la stigmatisation des malades soignés en psychiatrie et isoler les professionnels qui s’en occupent.
Sous la pression des media, du maire de Toulouse et de leurs tutelles, les équipes hospitalières ont été amenées à enfreindre les droits de l’ensemble des hospitalisés en les enfermant même s’ils étaient en placement libre.
Toute stigmatisation d’une catégorie de personnes constitue une atteinte fondamentale à leur dignité inaliénable. Il en va des « malades mentaux » comme des autres communautés humaines.


Si l’on veut vraiment « prendre soin » des malades mentaux, soignons d’abord leurs lieux d’accueil et leurs professionnels, en nous rappelant la phrase du psychiatre Lucien Bonnafé : « on juge du degré de civilisation d’une société à la manière dont elle traite ses marges, ses fous et ses déviants ».

 

Pour en savoir plus : https://santementalefrance.fr/

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