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05/04/2024
Danièle Faugeras
Blog PO&PSY

Santoka : "Plutôt que s'accroître, s'épanouir"

Santōka est le nom de plume de Taneda Shōichi (1882-1940), moine itinérant et poète de haïku japonais, connu pour ses haïkus en vers libres.

 

Né dans un village situé à l’extrémité sud-ouest de Honshū, l’île principale du Japon, dans une riche famille de propriétaires terriens, il est élevé par sa grand-mère après le suicide de sa mère, alors qu’il a 11 ans. Dans ses journaux intimes il attribuera cette tragédie aux débauches de son père, et il y verra l’origine d’une série de catastrophes : l’abandon de ses études de littérature à l’Université, l’échec de son mariage obligé, le suicide de son frère cadet rongé par les dettes, la mort de sa grand-mère, sa difficulté à trouver un travail à Tokyo, la mort de son père... Tout cela vécu dans un état quasi permanent de « dépression nerveuse » (un euphémisme pour des ivresses répétées et sévères) qui l’amènera à plusieurs reprises à tenter de se suicider.

En 1911, après quelques travaux de traduction (Tourgueniev, Maupassant), il s’engage dans le mouvement littéraire Shinkeikō (litt. « Nouvelle tendance ») qui prône le haïku de forme libre, c’est-à-dire un style qui renonce à la fois  à la règle syllabique traditionnelle (5-7-5) et au kigo, le « mot de saison »   habituellement

requis.

 

En 1916, il devient membre du comité de rédaction de la revue de haïkus Sōun.

 

En 1924, à la suite d’un suicide évité de justesse, il est amené au temple zen Sōtō Hōon-ji, dont le prêtre l’accueille dans la fraternité zen. La vie zen semble fonctionner pour Santōka : dès l’année suivante, à l’âge de quarante-deux ans, il est ordonné dans la secte Sōtō.

 

À partir de 1926, il alterne de longs voyages à pied (entre autres le circuit de pèlerinage des quatre-vingt-huit temples de l’île de Shikoku) et de brefs passages à Kumamoto où il a installé sa famille, pendant lesquels il publie des haïkus et commence à rédiger une revue de son cru intitulée Sambaku. Puis il reprend la route. Pour survivre, revêtu de sa robe de prêtre et d’un grand chapeau en lanières de bambou appelé kasa, équipé d’un unique bol qu’il utilise à la fois pour demander l’aumône et pour manger, il va de maison en maison  pour mendier.

 

En 1932, Santōka s’installe pour un temps dans une masure de la préfecture de Yamaguchi qu’il nomme « Gochūan » (l’ermitage « Au beau milieu »), d’après un verset du Sutra du Lotus. Il y vit des contributions de ses amis et admirateurs, de l’argent envoyé par son fils et de ce qu’il peut faire pousser dans son jardin.

 

À partir de 1934, alterneront encore voyages à pied, souvent interrompus par la maladie ou la dépression, et séjours au Gochūan.

 

En 1938, Gochūan devient impropre à l’habitation et après un autre voyage à pied, Santōka s’installe dans un petit temple près de la ville de Matsuyama.

 

Le 11 octobre 1940, à cinquante-sept ans, il meurt dans son sommeil.

 

Il a publié sept recueils de poèmes (Paysage d’herbes folles, paru en 1936, est le quatrième) et de nombreuses éditions de Sambaku.

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