Retour à la liste
20/12/2023
Charlotte Perrin-Costantino

Colloque 2021 : Ordre et désordre de l’autorité

Colloque du 24 septembre 2021

L’autorité fait régulièrement débat dans la société. Dans l’histoire, le cours des événements semble depuis toujours influencer la manière dont va s’exprimer et être
reçue l’autorité. Ainsi alternent des élans libertaires – « il est interdit d’interdire » – et des mouvements de contrôle et de reprise en main du corps social par le « pouvoir ». Ces effets de balancier traversent tout particulièrement le champ du soin, notamment lapsychiatrie. Dans ce contexte, proposer une définition précise de l’autorité s’avère une
tâche ardue, ne serait-ce que parce qu’elle entretient des liens avec d’autres notions telles que le pouvoir ou la liberté et qu’elle concerne de nombreuses disciplines (politique,
sociologie, justice, éthique, anthropologie, etc). Quel regard peut-on porter sur ce sujet dans les institutions de soin ? L’autorité est loin de se réduire à l’usage du pouvoir ; « dès que la force même est en jeu, l’autorité cesse, comme le poids cesse dès que le corps tombe » écrivait Paul Valéry*.

Le terme autorité renvoie à l’auctoritas romaine, à savoir à la qualité et à la légitimité desanciens. Le Sénat à Rome était en l’occurrence le garant des « fondations ». L’autorité est en son fondement un facteur d’humanisation, civilisateur et structurant. Ses fonctions sont constitutives de l’individu comme de la civilisation. Elle organise les mouvements pulsionnels individuels et collectifs et permet leur sublimation comme le notait Freud dans « Malaise dans la civilisation ». Un enfant ne peut grandir sans une autorité à laquelle se mesurer, sans limites auxquelles se confronter, sans quoi il se désorganise. De la même manière, une institution ne peut fonctionner sans autorité, celle-ci participant même de son essence. La référence à ce qui fait autorité n’est-elle pas fondamentalement la garantie d’un cadre, d’une loi, et surtout d’un tiers ?

Dans les soins psychiques, que l’on pense au fonctionnement de nos patients ou que l’on évoque les dynamiques institutionnelles, à quelles fonctions intrapsychiques et
intersubjectives l’autorité doit-elle renvoyer pour être suffisamment opérante ? Comment se manifestent ses désordres dans la clinique quotidienne, notamment celle des perversions et des cliniques aux limites, tout autant que dans les organisations institutionnelles ? En matière d’autorité, quel est le bon équilibre, le bon alliage qui prémunisse autant de la violence que de l’emprise et de la séduction ? Qui est légitime pour exercer une autorité dans une institution, quelles valeurs la sous-tendent, le savoir médical, le charisme de tel soignant ? Dans notre contexte contemporain de la santé, comment se manifeste le conflit implicite dans une institution sanitaire ou médico-sociale entre « l’autorité médicale » et « le patient acteur de ses soins » ? À cet égard, est-ce que laisser de plus en plus d’autonomie aux patients et limiter strictement les soins sous contrainte suffit à régler la question de l’autorité ? Une forme d’autorité n’est-elle pas nécessaire pour protéger les patients, pour ne pas les livrer à eux-mêmes, à des idées délirantes ou suicidaires par exemple ? L’autorité ne devient-elle pas opérante à la condition d’être exercée dans un cadre autorisant le tiers et la conflictualité et quand ses motivations implicites sont de limiter la toute-puissance pour apaiser l’excitation et la violence ? Comment en somme penser l’autorité pour qu’elle soit la condition de l’homme ou de la femme libre et non pas seulement une fin en soi ?


*P. Valéry. Les principes d’anarchie pure et appliquée, Paris, Gallimard, p.59

 

=> Consulter le programme

=> Visionner le teaser du colloque

=> Replay disponible auprès de Congrès Minute

 

Parmi les intervenants :

Alain BRACONNIER : Psychiatre, Psychanalyste, ASM 13. (voir ses ouvrages)

André CAREL : Psychiatre, Psychanalyste membre de la SPP, Membre de la Société Européenne pour la Psychanalyse de l’Enfant et de l’Adolescent (SEPEA), Membre de l’Association Internationale de Psychanalyse de Couple et Famille (AIPCF). (voir ses ouvrages)

Emmanuelle CHERVET : Psychiatre, Ex-responsable de la consultation adolescents à Villeurbanne (ITTAC), Psychanalyste formatrice de la SPP, Secrétaire scientifique de la SPP. (voir ses ouvrages)

Catherine DUCARRE : Psychanalyste membre de la SPP, Psychologue clinicienne, Directrice de publication de la revue Cliniques. (voir ses ouvrages)

Christophe FERVEUR : Psychologue clinicien (FSEF), Psychanalyste membre de la SPP, Président du Réseau de Soins Psychiatriques et Psychologiques pour les Etudiants (RESPPET), Consultant Préventions des Risques Psychosociaux des personnels des Universités de Paris, Formateur APEP, Psycho-Prat’. (voir ses ouvrages)

Fabrice GZIL : Philosophe, Espace éthique Ile-de-France, Centre de recherche en Epidémiologie et Santé des Populations (CESP – Inserm/Paris-Saclay), membre du Comité Consultatif National d’Ethique (CCNE). (voir ses ouvrages)

Laurent OLIVIER : Conservateur en chef des collections d’archéologie celtique et gauloise au musée d’Archéologie nationale de Saint-Germain-en-Laye. (voir ses ouvrages)

Magali RAVIT : Psychologue clinicienne, Professeur en psychopathologie et psychologie clinique - Université Lumière Lyon 2, Directrice du Centre de Recherche en Psychologie et Psychopathologie Clinique, Expert près la Cour d’Appel de Lyon. (voir ses ouvrages)

Anaïs RESTIVO-MARTIN : Psychologue clinicienne, Clinique La Chavannerie, CLINEA, Psychanalyste membre de la SPP. (voir ses ouvrages)

Franck REXAND-GALAIS : Psychanalyste, Maître de conférences en Psychologie clinique et Psychopathologie, BePsylab & Umr ESO 6590 Cnrs, Université d’Angers. (voir ses ouvrages)

Philippe ROBERT : Professeur émérite de Psychologie Clinique à l’Université de Paris, Psychanalyste membre de la SPP. (voir ses ouvrages)

Pascal ROMAN : Professeur de Psychologie Clinique, Psychopathologie et Psychanalyse, laboratoire LARPsyDIS, Institut de Psychologie - Université de Lausanne (Suisse), Psychologue – Psychothérapeute. (voir ses ouvrages)

 

Prolongez le colloque avec les numéros de la revue :

 

Le colloque en quelques images...

 

 

 

 


photo de Charlotte PERRIN-COSTANTINO

Charlotte Perrin-Costantino est docteure en psychologie clinique, psychanalyste membre de la SPP, directrice de la revue Cliniques - Paroles de praticiens en institution, membre du comité de rédaction de la collection Débats en Psychanalyse (PUF), fondatrice Almagora


Commentaires (0)

Vous devez vous connecter pour poster un message !