Jean G. Lemaire (1927-2021)
"Jean nous a quittés et nous nous sentons orphelins, comme quand un parent disparaît.
C’est qu’au-delà du professeur, du mentor qu’il a été pour nombre d’entre nous, nous avions tissé
avec lui une relation d’affection. Ses initiatives créatrices comme la revue Dialogue, l’AFCCC
ou Psyfa témoignent de son esprit affûté, novateur et libre. Sa position de professeur
d’université, ses publications internationales, nombreuses, l’ont placé en première ligne sur le
fronton des personnalités qui comptent dans le domaine clinique des thérapies
psychanalytiques de couple et de famille. Il ne s’est jamais départi d’une posture modeste.
Toujours abordable et généreux, il a déployé d’authentiques qualités pédagogiques pour faire
éclore chez ceux qui ont eu la chance de l’approcher le moindre talent. Ce qui émanait de lui,
aussi, était l’ouverture d’esprit, cette appétence curieuse de la vie sous des aspects divers :
Jean, en son temps, a participé à des marathons de natation, a mené des études de
mathématiques de haut niveau, a fait partie d’une chorale jusqu’à peu, s’est essayé au jeu
théâtral, a démarré sa clinique avec la relaxation... Évelyne, sa compagne de toujours, s’était
éteinte il y a deux ans, elle avait emporté avec elle du sel de la vie. Ils avaient cheminé
ensemble une soixantaine d’années, en coopération professionnelle, sur les mêmes voies, eu
des fils et des douleurs à surmonter. Nous en avons été témoins. Malgré tout, son sourire et
son regard sont restés bienveillants, son plaisir de transmettre, de réfléchir ensemble, intact
aussi, il nous le disait encore il y a quelques semaines... De cette profonde humanité, nous lui
sommes reconnaissants, comme nous lui sommes redevables d’avoir introduit à l’université
des praticiens, formé des chercheurs, des psychologues, créé et contribué à renouveler le
comité de rédaction de Dialogue. Dans la revue Dialogue comme dans Psyfa, il a su assurer la
relève, transmettre et laisser liberté à ceux qu’il avait invités à occuper les différents postes
d’organisation et de responsabilité de ce qu’il avait créé. Puissions-nous garder cette éthique,
cette manière d’insuffler une dynamique dans laquelle la créativité et l’originalité de chacun
peuvent s’épanouir. Les valeurs transmises par Jean resteront vivantes et Dialogue, ses
acteurs sauront s’en nourrir. "
Pour les comités de rédaction et scientifique de la revue Dialogue et pour le conseil d’administration de l’AFCCC,
Marthe Barraco