Manuelle Missonnier
Août 2005.
Marie-Françoise Dubois-Sacrispeyre : Manuelle, Le Carnet/PSY a dix ans ! C’est une belle réussite pour cette revue que tu as créée de toutes pièces et que tu animes avec ton énergie, ta générosité et ta compétence depuis toutes ces années. Je me souviens très bien de notre première rencontre au Salon du livre en 1995. J’étais toute seule à assurer la permanence du stand des éditions érès qui avait quelques mètres carrés dans le cadre de l’espace revues. Que de chemin parcouru depuis cette époque !
Manuelle Missonnier : Mon parcours apporte un éclairage à la conception de la revue. Au départ, j’ai fait des études de philosophie et une psychanalyse. À cette époque j’assistais à des conférences dans différentes disciplines et il était très difficile de centraliser les informations pertinentes. J’ai eu alors l’intuition qu’un « Pariscope » national en sciences humaines serait très précieux.
MM : Ce n’est pas tout à fait vrai.
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MFDS : Comment as-tu basculé de la mise en scène théâtrale à la mise en page ? MM : Plus j’avance avec Carnet/PSY, plus je découvre de liens. Mon immersion dans la planète psy m’a permis des rencontres avec des personnes remarquables parfois devenues des amies mais j’ai toujours le sentiment de « mettre en page » pour les lecteurs la « mise en scène » de leurs réflexions. Les idées, les débats cliniques comme le texte des intrigues et leur mise en scène au théâtre, sont le moteur principal de ma démarche. Un comité de rédaction, un comité scientifique, des auteurs, un imprimeur, des partenaires publicitaires, cela forme au fil du temps une troupe comme au théâtre. Dans la coordination de ces différents membres, il y a une ressemblance avec la mise en scène théâtrale. MFDS : Quel était le projet de départ et comment a-t-il évolué ? MM : Le projet de départ, c’était un bulletin d’informations décrivant les colloques, les congrès et les parutions du mois (livres et revues) auquel s’ajoutaient des comptes rendus de livres, de colloques et une recherche clinique. Les premiers numéros avaient 16 pages. Aujourd’hui, nous sommes entre 40 et 52 pages. MFDS : Avais-tu dès le départ un comité de rédaction et un comité scientifique ? Quels sont les principes qui ont présidé à leur constitution ? MM : Le comité de rédaction a existé dès le deuxième numéro mais il avait moins de membres. Le comité scientifique a été créé en 1997. Il reflète essentiellement les rencontres que j’ai faites. MFDS : Progressivement tu as introduit des dossiers qui sont devenus de plus en plus denses. Comment détermines-tu les thèmes et les coordonnateurs ? MM : Selon les cas, soit je prends l’initiative de proposer à un spécialiste reconnu d’orchestrer un dossier qui me paraît s’imposer, soit un professionnel m’en propose un spontanément. À chaque fois, je demande conseil aux membres concernés des deux comités. MFDS : Je sais qu’au départ tu t’occupais de tout toute seule : la recherche des infos, la saisie, la mise en page, la gestion des abonnements, la recherche des publicités… Même si tu gardes encore toute la maîtrise de ces tâches, tu as pu trouver des aides techniques et humaines grâce bien sûr à la fidélité de tes abonnés. Combien sont-ils aujourd’hui ? Qui lit le Carnet/PSY ? MM : Aujourd’hui, nous avons 2800 abonnés. Les lecteurs sont psychologues, psychiatres, pédopsychiatres, psychanalystes, universitaires et, dans une plus faible mesure, médecins d’autres spécialités et professionnels paramédicaux. Cette diversité professionnelle est la force de Carnet/PSY et je tiens beaucoup à la transversalité des options défendues pour m’écarter des corporatismes quand ils sont sources de clivage. |
MFDS : Parmi les activités annexes générées par le succès de la revue, il y a l’organisation de colloques qui eux aussi rassemblent de nombreuses personnes. Celui sur « BBados » a eu un tel succès que tu renouvelles l’expérience en 2006 ? MM : À l’origine, c’est une idée d’Alain Braconnier et de Bernard Golse qui sont des amis et à qui Carnet/PSY doit beaucoup. Ils ont soutenu la revue dès le début et m’ont toujours encouragé dans les moments plus difficiles. « BBados », c’est la rencontre des spécialistes du bébé et de l’adolescent et la magie d’un dialogue d’une grande richesse. MFDS : Pour les dix ans, tu as choisi de publier dans la petite collection que nous créons ensemble à l’automne quatre dossiers épuisés depuis longtemps et toujours demandés. Je crois qu’ils ont marqué lors de leur publication un temps fort pour la revue… MM : C’est vrai, les dossiers « Adolescence », « Attachement », « Autisme », « Enfant instable » ont été d’abord très appréciés au moment de leur parution. Mais, ce qui a motivé finalement cette publication sous forme de livre, c’est le succès après coup de ces numéros qui sont commandés en très grand nombre tant par les cliniciens expérimentés que par les étudiants. MFDS : Pour leur réédition sous forme de livre, il était important de réaliser une actualisation des recherches, des idées et des publications sur le thème. MM : Oui, et à l’occasion de ces publications, les auteurs ont été invités à réactualiser leur texte, une introduction originale a été écrite et la bibliographie a été complétée : ces ouvrages constituent de bonnes synthèses à la fois théoriques et cliniques. MFDS : Quels objectifs tu te donnes pour cette collection ? Envisages-tu d’aller au-delà de la réédition des dossiers ? MM : Cette collection, c’est pour Carnet/PSY une vraie reconnaissance du travail accompli. Je suis très fière de ces livres et très heureuse de la jolie maquette que vous avez imaginée. |
MM : Il faut dire que l’édition psy est très féconde et qu’il y a un vrai lectorat. C’est important de le souligner car ce n’est pas le cas d’autres professions. C’est vrai que j’ai un point de vue très générique tant en psychanalyse qu’en psychologie et en psychiatrie. Je reste persuadée qu’un jour un historien du soin psychique trouvera dans les numéros de Carnet/PSY des matériaux forts utiles lui permettant de retracer à divers niveaux l’évolution épistémologique de ce champ complexe. Le Carnet/PSY
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