Christian Gautellier


par Christian GAUTELLIER,
le 1 juil. 2011

Christian Gautellier est directeur des publications des CEMEA.
Il dirige, aux éditions érès, la collection "Education et société".



 

Marie-Françoise Dubois-Sacrispeyre : Christian, tu es directeur des publications des CEMEA avec qui nous publions depuis 2004 la revue VST, Vie sociale et traitement, revue du champ social et de la santé mentale, qui a été créée par Germaine Le Guillant, Roger Gentis… pionniers de la formation des infirmiers psychiatriques. J’étais pour ma part très contente de renouer ainsi avec une part importante de ma formation de psychologue, approfondie, actualisée, perfectionnée au sein de groupes de travail, de stages de formation, d’insertion, etc. menés dans ma jeunesse avec la délégation des CEMEA Midi-Pyrénées ! Nous avons cette année formalisé ensemble un nouveau projet éditorial autour de la collection « Éducation et société ». Peux-tu resituer brièvement, pour nos lecteurs, l’engagement citoyen des CEMEA dans les domaines de l’éducation populaire, de la santé mentale, de l’enseignement, etc. ?

revue VSTChristian Gautellier : Ceux qui allaient fonder, en 1947, l’association des Centres d’entraînement aux méthodes d’éducation active (CEMEA), mouvement d’éducation nouvelle, ont créé le premier stage de formation en avril 1937. Après l’invention des congés payés pour les parents, ils voulaient que les enfants partent en centres de vacances, dans de bonnes conditions. Ils ont également croisé à cette époque, les psychiatres, acteurs du mouvement désaliéniste, fondateur de la psychiatrie moderne. Les CEMEA ont ainsi été associés à la création de la psychiatrie de secteur, à l’élaboration d’une parole soignante infirmière par les premiers stages en psychiatrie, inscrite dans une conception humaniste du soin. D’emblée, les CEMEA avaient pour projet de travailler à changer les institutions, que ce soit l’école ou l’hôpital, avec leurs acteurs, par la sensibilisation à des méthodes sollicitant l’activité et favorisant l’expérience de la personne, par des médiations très pensées afin qu’elles permettent la réussite de chacun. Les CEMEA ont choisi l’éducation pour agir. On retrouve dans leur projet associatif cinq grands objectifs : construire l’éducation nouvelle au XXIe siècle ; faire vivre l’éducation formelle et non formelle ; développer les pratiques culturelles et la lutte contre toutes les exclusions ; agir dans les institutions pour accompagner chacun dans la construction de ses projets de vie ; s’engager pour le développement durable et pour les solidarités nouvelles, entre les générations, en Europe et dans le monde ; se mobiliser pour le droit aux vacances pour tous. Cette expérience sociale et collective, les CEMEA, mouvement d’éducation nouvelle, association d’éducation populaire et organisme de formation professionnelle, en sont ainsi porteurs depuis 70 ans. Sont mis au coeur de leur projet, la recherche des démarches propices au développement de chacun, l’attention aux dimensions collectives des situations, l’aménagement des environnements, la mise en action des personnes par les méthodes d’éducation active...

 

MFDS : La revue VST est maintenant dirigée par François Chobeaux qui a pris la suite de Serge Vallon. Quelle est l’originalité de son projet éditorial ? Quels objectifs poursuit-elle ?

CG : C’est une revue de réflexion et de pratiques sur le social, le médico-social et la psychiatrie. Elle s’adresse aux intervenants de ces secteurs. Les auteurs sont eux-mêmes des professionnels de terrain. On trouve, dans chaque numéro, un dossier thématique et des rubriques permanentes. Les choix éditoriaux sont liées aux choix théoriques, sociaux, professionnels, politiques des CEMEA : principe de service public, soutien aux pratiques de psychiatrie sociale, travail social associant les usagers, pratiques « institutionnelles », approche psychanalytique, refus des approches cognitivistes et comportementalistes.

 

Education et sociétéMFDS : La collection « Éducation et société » publie deux livres qui analysent l’influence des nouveaux médias (et des plus anciens) sur l’éducation des jeunes : celui de Sophie Jehel paru au printemps Parents ou médias, qui éduque les préadolescents ? et celui de Divina Frau-Meigs, Socialisation des jeunes et éducation aux médias à paraître en novembre. Peux-tu nous parler de ces deux ouvrages ?

CG : Ces deux publications ne sont pas vraiment un hasard, car les CEMEA sont très actifs au sein du CIEME (Collectif interassociatif Enfance, Médias et Éducation) et ont créé un département sur les médias, pour concevoir des outils pédagogiques, pour développer l’ingénierie de formation éducative et culturelle aux médias, ainsi qu’une veille citoyenne et critique de la société numérique. Ces deux livres posent l’enjeu énorme des médias dans la socialisation et la construction des enfants et des jeunes. Le temps qu’ils passent avec les médias ou devant les écrans, est un temps dominant, aussi important, peut-être plus, que celui de l’école. Ce temps médiatique est même, en termes de projet ou de valeurs, en compétition voire en conflit direct avec les temps éducatifs. Il est donc essentiel que les éducateurs dans leur diversité, enseignants, parents, animateurs, travailleurs sociaux… s’y intéressent et possèdent les clés pour comprendre cet écosystème des médias et pour y agir, dans le cadre de projets d’éducation aux médias. Ces deux ouvrages permettent de faire contrepoids aux logiques industrielles et commerciales des médias et de redonner un rôle prépondérant à l’éducation et à ses valeurMixités citoyennes et d’émancipation. Le troisième livre de la collection, à paraître à l’automne, a été écrit par un auteur très actif au sein des CEMEA, Jean François qui s’est intéressé aux conditions nécessaires pour que la mixité fille-garçon dans l’éducation soit pleinement réussie. C’est un sujet très actuel qui a une vraie ambition politique.

 

MFDS : Comment envisages-tu le développement de la collection ? Quelles seront les prochaines publications ?

CG : Cette collection a pour objectif de faire le lien entre les pratiques de terrain, les réflexions qui traversent les questions d’éducation actuelles, et les études de chercheurs. Les CEMEA souhaitent ouvrir cette collection à des auteurs individuels ou collectifs qui oeuvrent pour transformer les pratiques éducatives et inscrivent la finalité de leurs travaux, comme une contribution aux valeurs de l’éducation nouvelle et de l’innovation sociale. Parmi les prochains titres déjà en chantier, l’un portera sur les questions de parentalité, un autre sur la nécessaire éducation citoyenne à la consommation…

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