La réforme de l'hospitalisation sous contrainte du 5 juillet 2011 transfère au pouvoir judiciaire, en la personne du juge des libertés, la responsabilité de la poursuite ou non d'une hospitalisation sans consentement. Que le terme d'internement disparaisse du vocabulaire ne masquera pas le fait que le législateur privilégie aux soins la privation de liberté. L'histoire montre la lutte de nos aînés, d'Esquirol à Georget, pour obtenir cette limitation du droit : celle de l'humain, de ses passions comme de sa folie. C'était au savoir psychiatrique que revenait de statuer sur ce qui tenait du pathologique. L'autorité publique reconnaissait, par l'avis psychiatrique, cette part d'ombre que porte en lui tout homme. Fût-ce au prix de débats sinon de querelles, la psychiatrie, dans le meilleur des cas, venait s'opposer à la police de l'état. La judiciarisation actuelle de la psychiatrie vaut comme symptôme social. Elle révèle la mise en suspicion des savoirs au profit des règles techniques et gestionnaires où se profile en arrière plan la nécessaire infaillibilité de la science. Ce ne sont pas tant la multiplication des certificats et des tâches administratives, les audiences au tribunal ou pire les vidéo-conférences de malades délirants et hallucinés qui sont ici alarmants que la mise sous ordonnance de la psychiatrie avec charge exclusive de veiller à la sécurité publique.

Prix
Papier - 20.00 €
Détails
Parution : 14 mars 2013
EAN : 9782749236339
JFP - Journal français de psychiatrie
3/2010
Thème : Santé mentale