Si la catatonie, dans le triple abord de son autonomie, de sa consistance et de sa valeur doctrinale, nous interroge aujourd'hui, c'est à plus d'un titre. D'abord, du fait de son éclipse même, sous nos climats en tout cas, depuis la seconde moitié du XXe siècle. Puis du fait de son retour depuis une quinzaine d'années, toujours dans nos contrées occidentales, mais sous des formes différentes : celles d'épisodes transitoires venant émailler l'évolution de telle ou telle pathologie, psychotique ou non, psychiatrique ou pas. Ici se retrouve au fond un ancien débat concernant le statut même de la catatonie. S'agit-il d'une maladie spécifique ? S'agit-il d'un syndrome ? Et, en ce cas, dans quels cadres nosographiques s'inscrit-il ? La catatonie est-elle une réponse organique, corporelle, d'un parlêtre confronté à quelque chose d'inassimilable, de dialectiquement irrecevable ou discursivement non réglable ? Il est des choix impossibles venant statufier un corps, des rencontres particulières venant le désarrimer, des conjonctures historiques ou sociales venant l'exténuer. Ne peut-on les rapprocher des cas de mort subjective ? Il y aurait en tout cas à gagner à ce que des analystes s'intéressent à la question et à l'élucidation de ses déterminants et ce tant du côté de ce qui fait déclenchement que de la modalité clinique empruntée. Si les catatoniques d'antan ne sont plus, serait-ce l'indice d'une sensibilité particulière au transfert qui, sous l'égide de l'humanisation des hôpitaux puis de la psychothérapie institutionnelle, rendrait compte de la diminution de fréquence des tableaux les plus francs ? Que penser alors de leur retour, cliniquement abâtardi certes, si celui-ci s'avère ?

Prix
Papier - 20.00 €
Détails
Parution : 22 août 2013
EAN : 9782749237558
JFP - Journal français de psychiatrie
4/2010
Thème : Santé mentale