La grande aventure de l’adolescence

L’amour est la grande aventure de l’adolescence, qui va bien au-delà de la découverte de la sexualité. Le premier amour s’apparente à une déchirure et à un lever de rideau. Avec lui, l’adolescent quitte l’orbite familiale, et renonce à l’enfant qu’il était, ce qui l’oblige à un profond remaniement. La rencontre avec l’autre, en contrepartie,  lui ouvre un univers riche en émotions et en découvertes. L’adolescent se dévoile à lui-même, il réalise qu’il plaît. Cette prise de conscience renforce son narcissisme, et lui assure une place parmi ses pairs. Mais il dépend désormais du désir de l’autre, de sa présence, de ses sms… Une autre dépendance, moins pénible que celle de ses parents. Cette aventure, merveilleuse et inquiétante à la fois, apaise ses tensions internes et, par contagion, les tensions familiales. Tout le monde y gagne ! 

Mais le premier amour, telle est sa destinée, reste éphémère. La première rupture amoureuse est une expérience douloureuse. L’adolescent, meurtri, découvre qu’il est vulnérable. Privé de son alter ego, il se sent comme amputé d’une partie de lui-même. La vie perd tout son sens, et ses parents sont impuissants à l’aider. Cette épreuve ne l’immunise pas contre les aléas de l’existence, mais lui apprend à les surmonter. Il prend conscience que la vie n’est pas un long fleuve tranquille.

Tout cela, nous l’avons vécu avant lui. Car, si les nouvelles technologies ont modifié le mode de relation à l’autre, les fondamentaux demeurent. La différence des sexes, notamment, et les représentations. Les garçons valorisent toujours les conquêtes. Les filles, soucieuses de préserver leur réputation, ne s’engagent pas à la légère. Depuis quelques années, pourtant, les comportements se modulent. Les garçons se montrent plus réservés, plus attentionnés avec leur partenaire. Les filles, de leur côté, prennent plus souvent l’initiative. Elles se sentent plus libres dans leur sexualité, s’autorisent à accéder au plaisir, sans culpabilité. Cette évolution des mœurs, très positive pour les uns comme pour les autres, prouve que les adolescents sont sensibles aux transformations de la société. Et que nous ne sommes pas uniquement déterminés par nos chromosomes, ce que certains laissent entendre, ces derniers temps.

Daniel Marcelli