Le corps à l'adolescence

Le corps à l'adolescence


Numéro 612 (hors-série) - Revue bimestrielle

Dans la revue :

Tu m’émeus, gare à moi

Les professionnels de l’enfance et de l’adolescence que nous sommes vivent une époque passionnante mais agitée, et ont besoin de partager leur compréhension des adolescents, et des êtres humains en général. Comme le jeune, qui se demande ce qu’il va faire de son corps en pleine métamorphose, notre société est en proie à une crise profonde, et s’interroge sur le monde de demain.

L’être humain ne choisit pas son corps, ni ses émotions, mais il peut décider de ce qu’il va en faire. Il est conscient d’être conscient de lui-même, et cette activité réflexive le confronte à des paradoxes. Il réalise qu’il est riche de multiples possibilités, mais aussi qu’il va mourir et tout perdre. Il désire plus que tout rencontrer l’autre, mais souhaite aussi s’en différencier, et ressent ce besoin d’autrui comme un pouvoir sur lui-même : « Tu m’émeus, gare à moi », se dit-il. Telle est l’une des difficultés de l’existence, révélée par l’adolescence.

Ces paradoxes, parfois douloureux à vivre, peuvent pousser à la créativité, à l’échange, mais aussi à la destructivité, à la violence dirigée contre les autres ou contre soi. Aussi devons-nous, parents et professionnels, apprendre au jeune à les gérer, lui rappeler sans relâche qu’il a de la valeur, l’inciter à prendre soin de lui, à développer ses potentialités. Et, pour renforcer notre cohérence éducative, agir ensemble. Tel est l’esprit du diplôme universitaire interprofessionnel sur les adolescents difficiles1 que j’ai créé, qui s’adresse aussi bien à l’assistante sociale qu’au principal de collège, à l’éducateur de rue qu’au juge et au policier.

Il faut rappeler aux jeunes qui s’abîment – c’est une minorité, heureusement, comme le montrent de nombreuses enquêtes2 – que notre société partage des valeurs communes, qui s’expriment selon des modalités différentes, mais tournent toujours autour de la solidarité, de la confiance et de la famille. Insister sur nos convergences, plus que sur nos divergences. Et leur donner envie d’aller de l’avant, de prendre des risques, après avoir tout mis en œuvre pour qu’ils croient en eux. Nous avons un devoir d’optimisme envers les adolescents.

 

1. « Adolescents difficiles. Approche psychopathologique et éducative », Université Pierre-et-Marie-Curie (UPMC).

2. 74 % des jeunes âgés de 15 à 18 ans se disent satisfaits
de ce qu’il leur arrive dans la vie (baromètre bien-être adolescents, étude Fondation Pfizer/Ipsos santé, 2013).

Prix
Papier - 12.00 €
Détails
Parution : 15 janvier 2015
EAN : 9782749251059
L'école des parents - La revue
1/2015
Thème : Enfance & parentalité