L’identité a pu sembler indépendante des constructions culturelles historiquement situées et datées : plus qu’un semblant, elle figurait un Réel. Inspiré par les travaux de Gustave Le Bon, Sigmund Freud explicite l’écart entre identité, identification et objet, en articulant le champ de l’inconscient à celui du politique. Il ouvre alors la voie aux questions qui nous permettent, un siècle plus tard, de formuler l’hypothèse ici mise à l’épreuve : l’identité participe-t-elle aujourd’hui de l’économie de marché ?

Avec quoi se fabrique une identité aujourd’hui ? Quand nos repères sont mis à mal ou en échec, en particulier devant la montée des fanatismes religieux ou nationaux qui en sont les symptômes, le déchaînement de la jouissance de l’objet dans l’économie de marché ne fait qu’accroître et rigidifier les revendications identitaires. L’identité deviendrait-elle alors un objet de jouissance ?

Quand, dans les institutions accueillant des enfants, les professionnels constatent la multiplication de conduites particulièrement violentes, quand l’inflation de « l’offre » identitaire amplifie la déroute subjective au moment de l’adolescence, ne pourrions-nous pas avancer l’hypothèse qu’il s’agit de la captation des plus jeunes par des modèles médiatisés, sous la forme d’un Idéal de toute-puissance sans limites ni censure ? Quand l’anatomie ne fait plus le destin, le sujet, sommé d’ajuster l’image de son corps sur les injonctions libertaires, se prête à toute la plasticité que la technique permet. Y aurait-il alors la reconnaissance d’un « droit au Réel » ? Ce qui s’opposerait alors radicalement à la définition qu’en donne Jacques Lacan : le Réel comme inatteignable !

Ce numéro reprend ces questions pour examiner les multiples facettes de l’identité aujourd’hui, dans ses heurts et ses malheurs, au moment où vacille la fabrique des identités dans le lien familial, politique et social.

Prix
Papier - 26.00 €
Détails
Parution : 26 novembre 2020
EAN : 9782749268200
La revue lacanienne
1/2020
Thème : Psychanalyse