Qui s’intéresse aujourd’hui à la psychanalyse ? par Marcel Sanguet - Les psys réagissent à la série « En thérapie »


       

 

Qui s’intéresse aujourd’hui à la psychanalyse ?

Elle n’est plus qu’une vieille dame qui sent encore le soufre et dont les charmes l’ont abandonnée. Au temps de sa splendeur, elle conviait chacun à la modestie de se savoir limité, en échange d’un surcroît de liberté de penser et d’agir. Le sujet, s’avouant bien peu maître de soi autant que de son environnement, ne pouvait alors que compter sur son désir pour continuer à investir le monde et les autres.

Depuis, la postmodernité nous a expliqué que tout individu possède en lui la puissance nécessaire à atteindre un épanouissement, gage de jouissance sans fin. Il lui suffit de se donner les moyens de ses ambitions ! Celui qui passerait malheureusement à côté du succès ne pourrait s’en prendre alors qu’à lui-même et sombrer dans la disqualification narcissique que l’on nomme dépression ou encore chercher à l’extérieur le responsable de son échec en s’identifiant comme victime. A l’extrême opposé de la psychanalyse, le développement personnel convient bien mieux à cette anthropologie postmoderne de l’illusion.

Ce premier épisode campe assez joliment l’analyse ordinaire telle qu’elle se pratique aujourd’hui : une séance par semaine, un peu sur le divan, un peu en face à face, s’ajustant autant que possible aux disponibilité de l’analysant. On y trouve également évoqué les fondements de la psychanalyse :

-       L’inconscient,

-       La sexualité,

-       Le transfert

L’inconscient et la sexualité, en tant que problématiques du sujet, sont connus depuis la nuit des temps. Mais, en découvrant le transfert, la psychanalyse révolutionne toute la clinique de la suggestion : ce n’est plus des injonctions du thérapeute que viendra la guérison mais de la scène qui va se (re)jouer entre les deux protagonistes du jeu analytique.

 Il faut apprécier comment le psychanalyste ne se précipite pas à valider les plaintes concernant les hommes de sa patiente toujours suspectés de la manipuler ou de vouloir abuser d’elle. Et c’est grâce à l’interprétation que lui en fait l’analyste que peut alors se déployer le transfert amoureux. Seule l’analyse, parce qu’elle se situe du côté obscur, peut signifier au sujet qu’il porte en lui suffisamment de possibilités de se faire mal sans avoir besoin d’aller en chercher la cause à l’extérieur.

Un conseil technique au psychanalyste soucieux de contrôler le transfert de ses analysants : éviter de mettre à leur disposition ses toilettes personnelles - bien trop intimes - pour ne pas risquer l’embrasement transférentiel.

 

Marcel Sanguet est psychologue clinicien, psychanalyste. Voir ses ouvrages
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