Journal La CROIX : Point de vue de Pierre-Olivier Monteil sur les mouvements sociaux

Revue de presse pour La fabrique des mondes communs


La journaliste Élodie Maurot a interrogé Pierre-Olivier Monteil pour le journal LA CROIX
sur les manifestations contre la réforme des retraites
(publication le 28/3/2023)

Extrait
La Croix : Quel vous semble être l’état de la démocratie sociale aujourd’hui en France ?
Pierre-Olivier Monteil
 : La France a toujours eu des difficultés avec la notion de démocratie sociale et la reconnaissance des citoyens comme travailleurs, avec leurs corps intermédiaires. Au moment de
la Révolution française, on a supprimé les corps intermédiaires au nom de la lutte contre les forces conservatrices, avec la loi Le Chapelier (1 791). Aujourd’hui, c’est au nom d’un État garant de l’ordre néolibéral qu’on promeut une société atomisée. De la même façon que l’État jacobin veut avoir le citoyen tout seul en face de lui, dans une espèce de face-à-face, l’État néolibéral veut maintenant des producteurs individuels, isolés face à lui. Car, pour le marché, il faut avoir des atomes et pas des agrégats, il faut que ce soit fluide.

La mobilisation syndicale contre les retraites, soutenue par l’opinion publique depuis le début, dit-elle quelque chose d’un désir de démocratie sociale ?
P.-O. M.  :
Je pense que oui, en ce sens que le mouvement me semble exprimer des réprobations et un mécontentement qui a tendance à déborder la thématique des retraites pour se porter sur un mode d’exercice du pouvoir. Ce qu’exprime le mouvement social, c’est un sentiment de ne pas être écoutés et une critique d’un pouvoir technocratique.
(...)

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