Coaching parental

Le coaching parental, ange gardien ou démon ?

Il y a un an que la rédaction de L’école des parents réfléchit à ce numéro sur le coaching parental – fera, fera pas – signe que cette pratique en plein essor soulève des questions et suscite des réticences au sein des EPE. Le simple mot de coaching, galvaudé, prend à rebrousse-poil : les coachs exercent leur emprise partout, à la maison et dans l’entreprise, à l’école et même dans nos lits ! Il évoque une pratique mercantile, qui exploite, en l’occurrence, l’anxiété des parents, soucieux de réussir l’éducation de leurs enfants ; une pratique superficielle, qui prétend résoudre, en quelques séances et à l’aide d’astuces, des problèmes d’autorité ou de communication avec un ado ; une pratique normative, axée sur la performance, qui « chosifit » l’enfant. Bref, le diable ! Et voilà qu’un grand quotidien national publie un article intitulé « Parents déboussolés cherchent coaching »¹, et effectue son reportage… au Café de l’École des parents, à Paris ! Les EPE pratiqueraient-elles le coaching sans le savoir, comme Monsieur Jourdain la poésie ?

L’article souligne, en tout cas, que le coaching est devenu synonyme de soutien parental dans l’esprit du public, et qu’au delà, la méthode séduit de plus en plus, comme en témoigne la multiplication des cabinets de coaching parental. La question, en tant que professionnels de la famille, mérite qu’on s’y intéresse de plus près, en laissant de côté ses a priori, ses certitudes. Tel est l’objet de notre dossier qui, sans prendre position, tente de décrypter cette nouvelle pratique, en souligne les points forts et les limites, analyse les raisons de son succès, et la met en perspective au regard, entre autres, d’une approche psychologique. Le coach y apparaît comme un accompagnateur, à égalité avec le coaché, et l’emmène vers un objectif défini à deux, en valorisant ses ressources : une démarche co-constructive, qui rappelle celle des EPE. Son action, rapide, quantifiable, se révèle à l’opposé d’une prise en charge thérapeutique, souvent longue, aux effets incertains et parfois déstabilisante. Le succès du coaching, au fond, reflète notre société actuelle, soucieuse d’efficacité à court terme, qui privilégie l’agir plutôt que l’être, et tend aussi à prendre ses distances avec les experts, détenteurs du savoir.

Reste à savoir si le coaching parental a sa place dans les EPE. Si cette nouvelle pratique est susceptible de nuire à son approche psychologique, privilégiée jusque là, si elle la complète utilement, ou peut servir de tremplin. Il appartient à chaque EPE de répondre à ces questions. Avec pour objectif, toujours, de venir en aide aux parents en difficulté, quelle que soit la méthode choisie.

1. Le Monde, 30 octobre 2013.

Daniel Marcelli